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Pour l'exposition décalageS, les commissaires-citoyens (dont j'ai eu le plaisir de faire partie) ont sélectionné sept artistes.

Pour plus de précisions, on pourra se reporter au site des Amis d'Oiron en cliquant ici.


Pourquoi ne pas imaginer une correspondance avec les jours de la semaine ?

Lundi : Cristal de neige/Arrangement en étoile

Jour de la Lune
"Dieu fit les deux grands luminaires, le grand luminaire pour présider au jour, le petit pour présider à la nuit, et les étoiles." (Genèse 1, 16) - Traduction Oecuménique de la Bible.

 

Mardi : Earth

Jours de Mars : il figure dans un des caissons du plafond de la Chambre du Roi

 

Mercredi : 29 arrests

Jour de Mercure, le messager des dieux

 

Jeudi : Portail Utopark

Jour de Jupiter

 

Vendredi : Weronika AP

Jour de Vénus : la mère d'Enée.

 

Samedi : Trois femmes, Sept femmes

Jour de Saturne, mais aussi Shabbat, pour les Juifs ... Hélas, cela correspond parfaitement ...

 

Dimanche : Before Sun Sets, Projecteur

Jour du Soleil : correspond parfaitement avec les deux oeuvres qui évoquent cet astre.

 

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Dans le cadre de l'exposition temporaire décalageS au château d'Oiron du 18 décembre 2018 au 10 mars 2019, les commissaires-citoyens (dont j'ai eu le plaisir de faire partie) ont placé dans dans les combles du deuxième étage l'oeuvre de Carine Klonowski : Projecteur (2012, collection FRAC Poitou-Charentes).
Pour plus de détails sur cette oeuvre, voir le site du FRAC Poitou-Charentes en cliquant ici.

Citons un extrait du texte des commissaires-citoyens :
" L'utilisation d'un moyen très simple, sans artifice, ni effets spéciaux, ... suggère un phénomène grandiose reproduisant la nature."
Pour plus de détails sur cette exposition, on pourra se reporter au site des Amis d'Oiron en cliquant ici.

Je voudrais proposer une interprétation supplémentaire (en détournant, ce faisant, totalement les intentions de l'artiste) se basant sur le "modèle d'univers" proposé par le physicien Jean-Pierre Petit.
Postulant (voir ci-dessous) l'existence de deux "mondes" orthogonaux un "monde physique" et un "monde métaphysique", le projecteur pourrait symboliser la "conscience" présente en tout être vivant : celle-ci permettrait de "prendre connaissance" d'une portion de deux mondes : le monde "horizontal" immanent représenté par le parquet (dont nous ne prenons conscience que d'une infime partie symbolisée par le "triangle" de lumière émanant du projecteur) et le monde "vertical" transcendant (dont là aussi nous ne prenons conscience que d'une petite portion symbolisée par le "demi-disque" de lumière).

Pour en savoir plus sur les travaux de Jean-Pierre Petit, on pourra consulter son site jp-petit.org ou son ouvrage : Contacts cosmiques (2018).
Dans un article récent publié sur son site, il a montré que la technique classique de la mécanique symplectique introduite en 1970 par le mathématicien Jean-Marie Souriau peut être étendue à un espace Hermitien, complexe.
Je n'ai pas les compétences requises pour juger de la "justesse" de cette affirmation.
Ce qui m'a beaucoup plus intéressé, ce sont les conséquences qu'il déduit de son modèle : il y aurait un "monde physique" et un "monde métaphysique".


Citons quelques extraits :
"Le monde physique contient en même temps des « êtres » et les phénomènes qui font que ces mêmes êtres interagissent, échangent de l’information.
Nous pouvons imaginer qu’il en soit se même dans le monde métaphysique. Des assemblages constituent alors des « personnalités », plus ou moins primitives, plus ou moins sophistiquées. Ces égrégores-personnalités peuvent alors interagir, non seulement à l’aide de champs, d’un « méta-rayonnement », mais aussi à travers des flux de paquets de masses imaginaires, constituant des « formes-pensées » ...
Ceci situe le dessein central de l’univers : Se complexifier et étendre son schéma relationnel ...
Dans le monde physique une telle évolution découle tout simplement des équations de la physique ...
On peut imaginer qu’il en soit de même dans le monde métaphysique ...
Les êtres vivant deviennent alors mixtes, en tant qu’unions d’une structure biologique et d’une structure psychique, de pilotage, hébergée dans le monde métaphysique, lequel prend alors l’allure d’une noosphère."

Dans le cadre de l'exposition temporaire décalageS au château d'Oiron du 18 décembre 2018 au 10 mars 2019, les commissaires-citoyens (dont j'ai eu le plaisir de faire partie) ont placé dans le vestibule d'entrée l'oeuvre de Nathalie Talec : Cristal de neige / Arrangement en étoile (2012, collection FRAC Poitou-Charentes).
Pour plus de détails sur cette oeuvre, voir le site du FRAC Poitou-Charentes en cliquant ici.

Pour plus de détails sur cette exposition, on pourra se reporter au site des Amis d'Oiron en cliquant ici.

Les commissaires-citoyens ont proposé une double interprétation
"Un cristal de neige passe de l'état solide à l'état liquide alors que la lave est le phénomène inverse."
"Les quatre éléments, la terre, l'eau, le feu et l'air, par leur interactions engendrent des transformations, des changements d'état."

Pourquoi ne pas faire correspondre les quatre éléments aux quatre parties de l'architecture ?

Dans le cadre de l'exposition temporaire décalageS au château d'Oiron du 18 décembre 2018 au 10 mars 2019, les commissaires-citoyens (dont j'ai eu le plaisir de faire partie) ont placé dans les combles du deuxième étage l'oeuvre de Carine Klonowski : Before Sun Sets (2012, collection FRAC Poitou-Charentes).


Pour plus de détails sur cette oeuvre, voir le site du FRAC Poitou-Charentes en cliquant ici.

Citons un extrait du texte des commissaires-citoyens :
" ... nous sommes dans l'attente, l'espérance que le sublime, le merveilleux pourrais surgir en regardant ce phénomène naturel et immuable.
Mais le chronomètre peut aussi surgir le temps qui passe, qui est imparti, plus de soleil, plus de vie sur la Terre. Profitons du présent."
Pour plus de détails sur cette exposition, on pourra se reporter au site des Amis d'Oiron en cliquant ici.

Lors d'une visite guidée de l'exposition, un participant y avait vu une réalité beaucoup plus sombre inspirée des oeuvres exposées en face (Trois femmes et Sept femmes de Giulia Andreani).


Cette "remarque" m'a inspiré une autre interprétation possible.
D'après nos connaissances actuelles, le soleil va "s'éteindre" dans quelques milliards d'années. Il va d'abord augmenter de volume, absorber les planètes proches et quant à la Terre, elle serait d'abord brûlée ("petit clin d'oeil" à l'oeuvre de Marianne Vitale : Earth, située à l'étage au-dessous) puis probablement absorbée elle-aussi.
Dans cette optique, on peut reprendre les deux interprétations des commissaires-citoyens en remplaçant l'espérance par le désespoir mais en conservant la deuxième interprétation : Carpe Diem !

Et ... un détournement complet :
"J'étais aux premières loges.
J'étais là aux premières loges du dernier jour des humains."
Extrait d'un texte de Pauline Sauveur créé pour le château d'Oiron : La nuit, beaucoup et présenté lors des Lectures Musicales, le samedi 14 septembre 2019 à 19 h.
On pourra utilement se reporter au site de l'auteur (à qui je présente mes plus plates excuses pour cet emprunt de phrases totalement sorties de leur contexte) en cliquant ici.

Dans le cadre de l'exposition temporaire décalageS au château d'Oiron du 18 décembre 2018 au 10 mars 2019, les commissaires-citoyens (dont j'ai eu le plaisir de faire partie) ont placé dans la Galerie Renaissance l'oeuvre d'Anna Baumgart : Weronika AP (2006, collection FRAC Poitou-Charentes).


Pour plus de renseignements sur cette oeuvre, on pourra se reporter au site du FRAC Poitou-Charentes en cliquant ici.

Pour plus de précisions sur l'exposition décalageS, se reporter au site des Amis d'Oiron en cliquant ici.

Pour l'artiste, Weronika fait référence au foulard de Sainte Véronique essuyant le visage du Christ lors de sa passion. Or cet épisode n'est pas relaté dans les "écrits canoniques" mais il correspond à la sixième étape du Chemin de Croix.
Cela permet de faire un rapprochement entre la galerie Renaissance et la collégiale (où figurent les quatorze tableaux-étapes du Chemin de Croix, en particulier celui où figure Sainte Véronique).

"Je vois et j'entends les petits pas pressés du merle noir au bec jaune. Il s'étonne de ce qui constitue le sol, il y est sensible mais il ne sait pas que ce sont des carreaux de terre cuite colorés et vernis qui ont été sciemment posés pour former le motif d'un labyrinthe. Il cherche entre les jointures une baie, un insecte. Je ne sais pas s'il a remarqué les peintures qui s'étalent sur les deux versants de la pièce. ..."
Extrait d'un texte de Pauline Sauveur créé pour le château d'Oiron et présenté lors des Lectures Musicales, le samedi 14 septembre 2019 à 19 h.
Pour plus de précisions, se reporter au site de l'auteur en cliquant ici.

Dans le cadre de l'exposition temporaire décalageS au château d'Oiron du 18 décembre 2018 au 10 mars 2019, les commissaires-citoyens (dont j'ai eu le plaisir de faire partie) ont placé dans le salon de l'Arlequin l'oeuvre d'Eric Tabuchi : Portail UTOPARK (2015, collection FRAC Poitou-Charentes).


Pour plus de renseignements sur cette oeuvre, on pourra se reporter au site du FRAC Poitou-Charentes en cliquant ici.

Pour plus de précisions sur l'exposition décalageS, se reporter au site des Amis d'Oiron en cliquant ici.

Outre les différentes interprétations proposées par les commissaires-citoyens dans leur texte situé près de l'oeuvre, je voudrais en ajouter une toute personnelle.

Les deux escaliers symbolisent, à mon humble avis, les deux visages du château d'Oiron :
- une face "histoire ancienne" pré-Meltem composée des murs et des plafonds (à nuancer, si on veut entrer dans le détail ...)
- une face "art contemporain" post-Meltem composée de la collection Curios & Mirabilia, agrémentée de temps à autre d’exposition temporaire d’oeuvres d’artistes contemporains.
Je reconnais que la face "histoire ancienne" a été restaurée grâce aux Sauveurs, je veux bien sûr parler des personnes ayant contribué à l’installation de la collection et pour ce faire, ayant totalement réhabilité les pièces à l’abandon du château, c’est-à-dire pratiquement toutes.

Il ne faudrait pas en déduire que l'histoire ancienne soit dépassée et que l'art contemporain représente l'actualité.
Je pense que ce sont deux modes "d'accès", l'un et l'autre étant à la fois actuel et plongeant dans un passé non révolu.

Chacune de ses faces peut être "gravie", en 12 étapes (en référence aux douze marches de chaque escalier).
Par exemple, pour la face pré-Meltem, en se basant sur les occupants successifs (choix partial et purement personnel) :
Guillaume Gouffier - Artus Gouffier - Hélène de Hangest - Guillaume de Bonnivet - Claude Gouffier - Louis Gouffier - Artus III - François d’Aubusson - Françoise de Rochechouart de Mortemart - Pierre-Jacques Fournier, chevalier de Boisairault - La vicomtesse de Boisairault - Etat français

Pour la face post-Meltem (choix d’oeuvres totalement partial et arbitraire) :
Chevaux d’Oiron - Vanité des bâtisseurs - Identité 4 - Carré au sol - Corne de licorne - Brûlures solaires - Pégase-Licorne - Balancier - Wall Drawing - Paroi - Decentre-Acentre - Room for departure.

Dans l'axe du portail, on pouvait apercevoir le Balancier de Wolfgang Nestler. Là aussi, les deux branches peuvent symboliser les deux "faces" du château. Dans cette optique, on peut constater que cet équilibre est fragile et repose sur la pointe d'un crochet.

Au-delà de ces considérations, il faudrait peut-être aussi méditer les paroles émises par un participant lors de la visite guidée de l'exposition décalageS le samedi 5 janvier 2019 se rapportant à la fonction des escaliers : "J'y vois un message. On emprunte souvent des chemins de traverse qui ne mènent nulle part, alors qu'il suffirait de passer par la porte."

Afin de faire un très bref historique de la naissance du château d'Oiron jusqu'à son état actuel (octobre 2019), j'ai choisi arbitrairement de le découper en six "jours".

Pour plus de détails, on pourra se reporter au site officiel du château : www.chateau-oiron.fr

A titre ludique (peut-être symbolique?), j’ai fait un parallèle avec les Jours bibliques de la création. Le texte des versets provient de la traduction de la TOB (Traduction Oecuménique de la Bible).

Premier jour : Guillaume, Artus et Claude

«Que la lumière soit ! » Et la lumière fut. (Genèse 1, 3)

Après la construction du château par Guillaume Gouffier (1475 ?), son fils aîné Artus développe le bâtiment et amorce la (re) construction de la collégiale. Puis, Claude "construit" l'aile Renaissance.

Deuxième jour : Louis

Dieu fit le firmament et il sépara les eaux inférieures au firmament d’avec les eaux supérieures. (Genèse 1, 7)

Après 1620, Louis Gouffier entreprend la construction du Pavillon du Roi, puis les deux tiers de l'aile du fond ...

Troisième jour : François

La terre produisit de la verdure, de l’herbe qui rend féconde sa semence, selon son espèce, des arbres qui portent des fruits … (Genèse 1, 12)

Entre 1669 et 1683, le maréchal de La Feuillade construit le Pavillon des Trophées et crée un portique ouvert en face de la galerie Renaissance. Il ouvre la cour du côté de l'entrée ...

Quatrième jour : Françoise

Dieu fit les deux grands luminaires, le grand luminaire pour présider le jour … (Genèse 1, 15)

En 1700, la marquise de Montespan achète le château, poursuit l'achèvement intérieur du pavillon des Trophées et fait terminer la Tour des Ondes.

Cinquième jour : Pierre-Jacques

Dieu dit :  Que les eaux grouillent de bestioles vivantes et que l’oiseau vole au-dessus de la terre face au firmament du ciel. (Genèse 1, 20)

En 1772, le chevalier de Boisairault achète le château. Lui et ses descendants s'efforcent de ralentir la lente décadence des lieux.

Sixième jour : Marianne

Dieu dit : Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce … (Genèse 1, 24)

Dieu créa l’homme à son image (Genèse 1, 27)

En 1943, l'Etat français achète le chateau.

Pour la description de la mise en place de la collection Curios et Mirabilia qui va suivre, je me base sur la "Bible" (i.e. Le château d'Oiron et son cabinet de curiosités). Toutes les citations proviennent du prologue écrit par Jean-Hubert Martin.

"Les Monuments Historiques, avec de faibles moyens, s'étaient employés à assurer le clos et le couvert et à restaurer les décors les plus prestigieux ... Mais à côté, des planchers défoncés, des poteaux pour soutenir des poutres écroulées et des fenêtres grossièrement obturées de planches disjointes servaient de décor et de niches aux pigeons et aux chouettes ..."

En 1987, le ministère de la culture recherchait un monument historique pour y organiser une exposition d'art contemporain ; il choisit Oiron ...

"Le premier réveil eut lieu en 1987 avec l'exposition Meltem ... Des artistes de renommée internationale [...] créèrent des oeuvres pour le lieu. Les premiers aménagements de fortune, tels que le câblage électrique courant le long des plinthes, furent mises en place à cette occasion."

Il fut ensuite décidé de pérenniser la présence de l'art contemporain à Oiron.

"L'association "Accueil et promotion de l'art contemporain au château d'Oiron" fut alors créée en vue de mener à bien des expositions et des commandes d'oeuvres. Elle regroupait, outre les représentants du ministère de la Culture les partenaires locaux (communes de Thouars et d'Oiron, conseil régional de Poitou-Charentes et conseil général des Deux-Sèvres)."

Deux expositions temporaires eurent lieu : en 1989 (Oiron à nouveau) et en 1990 (La guerre de Troie n'aura pas lieu).

Le second réveil eut lieu lorsque le délégué aux Arts Plastiques demanda un projet de créations originales pour le château et "s'engagea à consacrer à cet effet une part substantielle du budget de la commande publique pendant plusieurs années. Il signa un accord avec le directeur du Patrimoine qui décida d'accroître désormais le budget de restauration. »

...

« Impressionné par l’ensemble monumental et par les relations de sens que semblaient receler la devise et les programmes iconographiques, je me mis en quête de connaissance sur son histoire et son architecture. … J’étais alors en mesure d’élaborer un projet qui allait signer une nouvelle étape de la vie du château. »

...

"Je me souciais beaucoup de la réaction des Oironnais ... Il me fut utile de pouvoir relativiser les goûts du micro-milieu de l'art contemporain … A des degrés divers, les Oironnais ont participé à l'élaboration de la collection … Pendant les quatre ans de constitution de la collection, l'état du château n'a cessé de s'améliorer au fil des étapes de l'importante campagne de restauration entamée depuis les années 1970."

« Troisième étape du réveil de la Belle … la collection Curios et Mirabilia fut inaugurée en juin 1993. »

En 1998, le Centre des Monuments nationaux assura pleinement la gestion du lieu et l'association qui regroupait les partenaires institutionnels opéra sa mutation en "Association des Amis d'Oiron".

Pour conclure, je voudrais « détourner » (peut-être trahir?) un extrait d’un texte de Pauline Sauveur en « faisant parler » les éléments de la collection :

"... Les premiers étaient venus en éclaireurs ; ils avaient réussi, franchi l'ouverture avec précaution. C'était la première fois qu'ils se frayaient un chemin jusqu'ici. Les occupants d'avant semblaient s'être évanouis, il n'en restait rien : aucun signe, aucune présence, même leur odeur avait disparu. Alors les nôtres s'étaient aventurés, ils avaient exploré, ils avaient évalué, consigné et ils avaient raconté. Nous les avions écoutés, nous avions pesé le pour et le contre, et le geste et ses conséquences, et le prix, toujours le prix à payer pour arriver jusqu'ici. Puis, nous avions décidé, il s'agissait de trouver un refuge pour sauver, pour survivre ; il s'agissait de chacun et de l'ensemble, il s'agissait d'agir, d'avancer, de se prémunir, de se mettre en route et de révéler un abri. Alors, nous l'avions fait, nous étions partis ..."

Extrait d'un texte de Pauline Sauveur créé pour le château d'Oiron et présenté lors des Lectures Musicales, le samedi 14 septembre 2019 à 19 h.

Pour plus de précisions, voir le site de Pauline Sauveur en cliquant ici.

 

Dans le cadre de l'exposition temporaire décalageS au château d'Oiron du 18 décembre 2018 au 10 mars 2019, les commissaires-citoyens (dont j'ai eu le plaisir de faire partie) ont placé dans la Chambre du Roi l'oeuvre de Marianne Vitale : Earth (2013, collection FRAC Poitou-Charentes).
Pour plus de détails sur cette oeuvre, voir le site du FRAC Poitou-Charentes en cliquant ici.

Citons un extrait du texte des commissaires-citoyens :
"Le plafond coloré et lumineux présente quatre caissons octogonaux symbolisant les quatres parties du monde sous forme d'allégories."
Pour plus de détails sur cette exposition, on pourra se reporter au site des Amis d'Oiron en cliquant ici.

Après mûre (ou pas) réflexion, il me semble qu'on peut faire différents rapprochements entre l'oeuvre et les neuf caissons du plafond.
Evidemment, ces "liens" sont un "détournement complet" de l'oeuvre de l'artiste qui, à priori, n'avait aucune connaissance de l'existence du château d'Oiron et encore moins des éléments du plafond de la Chambre du roi.

Les quatre faces du tétraèdre situé sur le sommet peuvent correspondre, comme indiqué ci-dessus, aux quatre caissons du plafond de cette salle symbolisant les quatre continents connus au XVIIème siècle.

Les deux "cubes" (solides platoniciens) représentent l'élément Terre.

Les deux parties "cubiques" sont décalées de 45°. Une est parallèle à l'axe de la galerie Renaissance et l'autre est parallèle à l'axe de la Collégiale (ces deux axes font un angle de 45°).

Les trois étages correspondent aux trois parques du plafond
Elles apparaissent individuellement chez Hésiode :
1. Clotho (Κλωθώ / Klôthố, « la Fileuse ») tisse le fil de la vie
2. Lachésis (Λάχεσις / Lákhesis, « la Répartitrice ») le déroule
3. Atropos (Ἄτροπος / Átropos, « l'Implacable ») le coupe.

Comme disait le texte des commissaires-citoyens : "La patine du bois, déjà exposé à l'usure du temps et aux intempéries nous place dans une ambiance de fin du monde."

On peut relier ce constat à la chute de Phaëton (dans un des caissons du plafond) : ce dernier a été incapable de conduire le char du Soleil et de ce fait la Terre a été carbonisée.


Cette ambiance de fin du monde pourrait être consécutive à une catastrophe atomique "civile", c'est-à-dire à un "mauvais emploi" de la technologie, ce que représente la chute d'Icare (dans un autre caisson) : en effet, "emporté" par l'ivresse du vol grâce à la technologie mise au point par son père Dédale, il s'est trop rapproché du Soleil et a été victime de sa témérité.

Cette fin du monde pourrait, hélas, être la résultante d'une guerre (atomique ?) : au plafond, figurent Mars et Minerve, deux divinités guerrières.

Les cinq "meurtrières" de chaque face latérale du "cube" inférieur correspondent aux cinq personnages "mythologiques" : les Parques, Phaëton, Icare, Minerve et Mars.

L'oeuvre est en bois de réemploi : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ; rien de nouveau, on utilise toujours les éléments du passé pour faire le présent (et pour les sapiens : réincarnation ? et pourquoi pas, pour tous les animaux ?)

Chronologiquement, Claude Gouffier a "terminé" la construction de la collégiale dans les années 1540, par la réalisation de la façade.
Ensuite, après le décès de sa première épouse Jacqueline de la Trémoille en 1544, Claude a épousé Françoise de Brosse en 1545.
L'aménagement de "l'aile Renaissance" du château me semble refléter "l'association intime" entre Claude et Françoise : C et F entrelacés sur la cheminée, en haut de l'escalier de la Tour de l'Epée, plafond du salon de l'Arlequin ...

A titre personnel, j'ai de plus en plus la sensation basée sur une intuition (peut être totalement erronée) que les peintures de la Galerie sont, au point de vue symbolique, un "prolongement" de la collégiale : en plus de "l'illustration" de la guerre de Troie et de l'Enéide, ces représentations portent aussi une dimension chrétienne qu'il ne souhaitait pas (ou ne voulait pas) implanter dans la collégiale très liée à sa première épouse (qui avait tenté de l'empoisonner en 1535).

Par jeu intellectuel, on pourrait faire correspondre les différents éléments figurant dans la brochure présentant la collégiale publiée par l'association des Amis d'Oiron et les tableaux.
(pour l'instant, ce n'est qu'un embryon d'ébauche ...)
1 - Façade de la collégiale - Prologue
2 - Nef de la collégiale - Assemblée des Dieux
3 - Porte seigneuriale - Jugement de Pâris
4 - Tombe de l'Amiral Guillaume de Bonnivet - Enlèvement d'Hélène
5 - Tombe de Philippe de Montmorency - Sacrifice d'Iphigénie
6 - Tombe d'Artus Gouffier - Combat près des vaisseaux
7 - Tombe de Claude Gouffier - Scènes de Combat
8 - Les chapelles du choeur - Le combat singulier
9 - L'autel et le retable - La mort d'Hector
10 - Tableau : Saint Jérôme - Le cheval de Troie
11 - Tableau : Saint Jean-Baptiste dans le désert - La fuite d'Enée
12 - Tableau : Saint Claude et Claude Gouffier - Les armes et les combats d'Enée
13 - Tableau : L'institution du Rosaire - Le rameau d'or
14 - Tableau : La Résurrection - Enée aux Enfers
La peinture montre une image globale de l'Enfer où l'eau et le feu résument tous les supplices.
15 - L'énigmatique crocodile - La cheminée
Le décor de la cheminée associe, entre autres, le monogramme et la devise de Claude, les initiales et les armoiries de Claude et de Françoise de Brosse.
Dans cette optique, la cheminée représenterait la "dernière épreuve" (Hic Terminus Haeret = ce terme est fixé = arrivée d'Enée en Italie = accès à la vie éternelle).
Dans le livre de Job, le Leviathan peut correspondre au crocodile.
Annick de Souzenelle, dans son livre : Job sur le chemin de la Lumière, interprète le livre de Job comme un cheminement initiatique de ce dernier vers sa "divinisation" et "le combat contre le Leviathan" est l'épreuve ultime.
Les trois "personnages" sculptés sur la cheminée pourraient être considérés comme une allusion à la trinité chrétienne : TER MINUS (humour ... !!! ?).

 


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Dans la galerie Renaissance, le visiteur est confronté à une énigme : une des peintures n'a apparemment aucun rapport avec les autres.


Citons Jean Guillaume (dans l'ouvrage : Le château d'Oiron et son cabinet de curiosités p. 57) :
"La treizième composition, ruinée, fut refaite par Louis Gouffier qui eut l'idée bizarre de faire peindre à sa place Hercule et les juments de Diomède, d'après une gravure des Images de Philostrate."

Le modeste béotien que je suis n'a évidemment pas la prétention d'expliquer les motifs qui ont amené Louis Gouffier à ce choix. Mais, ce n'est peut-être pas totalement aléatoire ...

Ma connaissance de la mythologie étant très limitée, pour les éléments suivants, je me base sur le livre de Luc Ferry : Mythologie et Philosophie (Editions Plon, 2016).

Dans un de ses douze travaux, Hercule devait trouver le pommier du jardin des Hespérides et s'emparer des pommes d'or. C'est Prométhée qui lui indiqua comment trouver ce jardin et accomplir sa mission. C'est d'une de ces pommes dont s'est servie Eris pour semer la discorde au mariage de Thétis et de Pélée.
Pour le remercier, Hercule libéra Prométhée (enchaîné sur le Caucase). Jupiter ferma les yeux sur cette libération car Prométhée lui avait revélé que, s'il avait un enfant avec la déesse Thétis, dont il était tombé amoureux, celui-ci le détrônerait. C'est pourquoi il a décidé de son mariage avec un mortel, Pélée.

...

Un autre Diomède fut un des plus grands guerriers grecs lors de la guerre de Troie. Pendant un combat, doté d'une force surhumaine par Minerve, il blessa Enée. Alors qu'il s'apprêtait à l'achever, sa mère, la déesse Vénus intervint mais elle fut blessée au bras par Diomède. Ce dernier voulut ensuite s'en prendre à Apollon qui s'en débarrassa facilement et lui rappella que les hommes et les dieux sont deux races différentes.

En effet, dans le chant V de l'Iliade, on trouve le texte ci-dessous :

Diomède, armé de l'airain cruel, poursuit la protectrice d'Énée : il sait que Vénus n'est point une divinité guerrière, ni une de ces déesses qui parcourent en souveraines les champs de bataille, telles que Minerve ou Bellone, fléau des cités. Quand le magnanime fils de Tydée, en poursuivant Vénus, est sur le point de l'atteindre, il étend sa lance avec rapidité et blesse légèrement la main délicate de la déesse ; la pointe, en passant à travers le divin voile tissu par les Grâces, déchire la peau près du poignet : tout à coup s'échappe un sang immortel, fluide limpide qui coule dans les veines des dieux fortunés, de ces êtres célestes qui ne se nourrissent point des doux fruits de la terre et que le vin aux sombres couleurs n'a jamais désaltérés ; car les habitants de l'Olympe n'ayant point un sang comme les faibles humains, sont appelés immortels. Vénus remplit l'air de ses cris et laisse tomber son fils Énée ; Apollon le prend entre ses bras et le couvre d'un épais nuage, de peur que les cruels enfants de Danaüs ne le frappent de leurs flèches et ne lui arrachent la vie. Alors Diomède à la voix sonore s'écrie avec force :
« Fille de Jupiter, fuis loin des terribles combats des hommes ! N'est-ce donc pas assez pour toi de tromper les faibles femmes ? Si jamais tu parais sur les champs de bataille, je veux que tu frémisses d'épouvanté en entendant prononcer le seul nom de la guerre ! »
Il dit, et Vénus, éperdue, s'enfuit en proie à de vives souffrances. La légère Iris retire de la foule la déesse dévorée par la douleur, Vénus, dont le teint devient en peu d'instants noir et livide.