Afin de faire un très bref historique de la naissance du château d'Oiron jusqu'à son état actuel (octobre 2019), j'ai choisi arbitrairement de le découper en six "jours".
Pour plus de détails, on pourra se reporter au site officiel du château : www.chateau-oiron.fr
A titre ludique (peut-être symbolique?), j’ai fait un parallèle avec les Jours bibliques de la création. Le texte des versets provient de la traduction de la TOB (Traduction Oecuménique de la Bible).
Premier jour : Guillaume, Artus et Claude
«Que la lumière soit ! » Et la lumière fut. (Genèse 1, 3)
Après la construction du château par Guillaume Gouffier (1475 ?), son fils aîné Artus développe le bâtiment et amorce la (re) construction de la collégiale. Puis, Claude "construit" l'aile Renaissance.
Deuxième jour : Louis
Dieu fit le firmament et il sépara les eaux inférieures au firmament d’avec les eaux supérieures. (Genèse 1, 7)
Après 1620, Louis Gouffier entreprend la construction du Pavillon du Roi, puis les deux tiers de l'aile du fond ...
Troisième jour : François
La terre produisit de la verdure, de l’herbe qui rend féconde sa semence, selon son espèce, des arbres qui portent des fruits … (Genèse 1, 12)
Entre 1669 et 1683, le maréchal de La Feuillade construit le Pavillon des Trophées et crée un portique ouvert en face de la galerie Renaissance. Il ouvre la cour du côté de l'entrée ...
Quatrième jour : Françoise
Dieu fit les deux grands luminaires, le grand luminaire pour présider le jour … (Genèse 1, 15)
En 1700, la marquise de Montespan achète le château, poursuit l'achèvement intérieur du pavillon des Trophées et fait terminer la Tour des Ondes.
Cinquième jour : Pierre-Jacques
Dieu dit : Que les eaux grouillent de bestioles vivantes et que l’oiseau vole au-dessus de la terre face au firmament du ciel. (Genèse 1, 20)
En 1772, le chevalier de Boisairault achète le château. Lui et ses descendants s'efforcent de ralentir la lente décadence des lieux.
Sixième jour : Marianne
Dieu dit : Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce … (Genèse 1, 24)
Dieu créa l’homme à son image (Genèse 1, 27)
En 1943, l'Etat français achète le chateau.
Pour la description de la mise en place de la collection Curios et Mirabilia qui va suivre, je me base sur la "Bible" (i.e. Le château d'Oiron et son cabinet de curiosités). Toutes les citations proviennent du prologue écrit par Jean-Hubert Martin.
"Les Monuments Historiques, avec de faibles moyens, s'étaient employés à assurer le clos et le couvert et à restaurer les décors les plus prestigieux ... Mais à côté, des planchers défoncés, des poteaux pour soutenir des poutres écroulées et des fenêtres grossièrement obturées de planches disjointes servaient de décor et de niches aux pigeons et aux chouettes ..."
En 1987, le ministère de la culture recherchait un monument historique pour y organiser une exposition d'art contemporain ; il choisit Oiron ...
"Le premier réveil eut lieu en 1987 avec l'exposition Meltem ... Des artistes de renommée internationale [...] créèrent des oeuvres pour le lieu. Les premiers aménagements de fortune, tels que le câblage électrique courant le long des plinthes, furent mises en place à cette occasion."
Il fut ensuite décidé de pérenniser la présence de l'art contemporain à Oiron.
"L'association "Accueil et promotion de l'art contemporain au château d'Oiron" fut alors créée en vue de mener à bien des expositions et des commandes d'oeuvres. Elle regroupait, outre les représentants du ministère de la Culture les partenaires locaux (communes de Thouars et d'Oiron, conseil régional de Poitou-Charentes et conseil général des Deux-Sèvres)."
Deux expositions temporaires eurent lieu : en 1989 (Oiron à nouveau) et en 1990 (La guerre de Troie n'aura pas lieu).
Le second réveil eut lieu lorsque le délégué aux Arts Plastiques demanda un projet de créations originales pour le château et "s'engagea à consacrer à cet effet une part substantielle du budget de la commande publique pendant plusieurs années. Il signa un accord avec le directeur du Patrimoine qui décida d'accroître désormais le budget de restauration. »
...
« Impressionné par l’ensemble monumental et par les relations de sens que semblaient receler la devise et les programmes iconographiques, je me mis en quête de connaissance sur son histoire et son architecture. … J’étais alors en mesure d’élaborer un projet qui allait signer une nouvelle étape de la vie du château. »
...
"Je me souciais beaucoup de la réaction des Oironnais ... Il me fut utile de pouvoir relativiser les goûts du micro-milieu de l'art contemporain … A des degrés divers, les Oironnais ont participé à l'élaboration de la collection … Pendant les quatre ans de constitution de la collection, l'état du château n'a cessé de s'améliorer au fil des étapes de l'importante campagne de restauration entamée depuis les années 1970."
« Troisième étape du réveil de la Belle … la collection Curios et Mirabilia fut inaugurée en juin 1993. »
En 1998, le Centre des Monuments nationaux assura pleinement la gestion du lieu et l'association qui regroupait les partenaires institutionnels opéra sa mutation en "Association des Amis d'Oiron".
Pour conclure, je voudrais « détourner » (peut-être trahir?) un extrait d’un texte de Pauline Sauveur en « faisant parler » les éléments de la collection :
"... Les premiers étaient venus en éclaireurs ; ils avaient réussi, franchi l'ouverture avec précaution. C'était la première fois qu'ils se frayaient un chemin jusqu'ici. Les occupants d'avant semblaient s'être évanouis, il n'en restait rien : aucun signe, aucune présence, même leur odeur avait disparu. Alors les nôtres s'étaient aventurés, ils avaient exploré, ils avaient évalué, consigné et ils avaient raconté. Nous les avions écoutés, nous avions pesé le pour et le contre, et le geste et ses conséquences, et le prix, toujours le prix à payer pour arriver jusqu'ici. Puis, nous avions décidé, il s'agissait de trouver un refuge pour sauver, pour survivre ; il s'agissait de chacun et de l'ensemble, il s'agissait d'agir, d'avancer, de se prémunir, de se mettre en route et de révéler un abri. Alors, nous l'avions fait, nous étions partis ..."
Extrait d'un texte de Pauline Sauveur créé pour le château d'Oiron et présenté lors des Lectures Musicales, le samedi 14 septembre 2019 à 19 h.
Pour plus de précisions, voir le site de Pauline Sauveur en cliquant ici.