Dans la galerie Renaissance, le visiteur est confronté à une énigme : une des peintures n'a apparemment aucun rapport avec les autres.
Citons Jean Guillaume (dans l'ouvrage : Le château d'Oiron et son cabinet de curiosités p. 57) :
"La treizième composition, ruinée, fut refaite par Louis Gouffier qui eut l'idée bizarre de faire peindre à sa place Hercule et les juments de Diomède, d'après une gravure des Images de Philostrate."
Le modeste béotien que je suis n'a évidemment pas la prétention d'expliquer les motifs qui ont amené Louis Gouffier à ce choix. Mais, ce n'est peut-être pas totalement aléatoire ...
Ma connaissance de la mythologie étant très limitée, pour les éléments suivants, je me base sur le livre de Luc Ferry : Mythologie et Philosophie (Editions Plon, 2016).
Dans un de ses douze travaux, Hercule devait trouver le pommier du jardin des Hespérides et s'emparer des pommes d'or. C'est Prométhée qui lui indiqua comment trouver ce jardin et accomplir sa mission. C'est d'une de ces pommes dont s'est servie Eris pour semer la discorde au mariage de Thétis et de Pélée.
Pour le remercier, Hercule libéra Prométhée (enchaîné sur le Caucase). Jupiter ferma les yeux sur cette libération car Prométhée lui avait revélé que, s'il avait un enfant avec la déesse Thétis, dont il était tombé amoureux, celui-ci le détrônerait. C'est pourquoi il a décidé de son mariage avec un mortel, Pélée.
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Un autre Diomède fut un des plus grands guerriers grecs lors de la guerre de Troie. Pendant un combat, doté d'une force surhumaine par Minerve, il blessa Enée. Alors qu'il s'apprêtait à l'achever, sa mère, la déesse Vénus intervint mais elle fut blessée au bras par Diomède. Ce dernier voulut ensuite s'en prendre à Apollon qui s'en débarrassa facilement et lui rappella que les hommes et les dieux sont deux races différentes.
En effet, dans le chant V de l'Iliade, on trouve le texte ci-dessous :
Diomède, armé de l'airain cruel, poursuit la protectrice d'Énée : il sait que Vénus n'est point une divinité guerrière, ni une de ces déesses qui parcourent en souveraines les champs de bataille, telles que Minerve ou Bellone, fléau des cités. Quand le magnanime fils de Tydée, en poursuivant Vénus, est sur le point de l'atteindre, il étend sa lance avec rapidité et blesse légèrement la main délicate de la déesse ; la pointe, en passant à travers le divin voile tissu par les Grâces, déchire la peau près du poignet : tout à coup s'échappe un sang immortel, fluide limpide qui coule dans les veines des dieux fortunés, de ces êtres célestes qui ne se nourrissent point des doux fruits de la terre et que le vin aux sombres couleurs n'a jamais désaltérés ; car les habitants de l'Olympe n'ayant point un sang comme les faibles humains, sont appelés immortels. Vénus remplit l'air de ses cris et laisse tomber son fils Énée ; Apollon le prend entre ses bras et le couvre d'un épais nuage, de peur que les cruels enfants de Danaüs ne le frappent de leurs flèches et ne lui arrachent la vie. Alors Diomède à la voix sonore s'écrie avec force :
« Fille de Jupiter, fuis loin des terribles combats des hommes ! N'est-ce donc pas assez pour toi de tromper les faibles femmes ? Si jamais tu parais sur les champs de bataille, je veux que tu frémisses d'épouvanté en entendant prononcer le seul nom de la guerre ! »
Il dit, et Vénus, éperdue, s'enfuit en proie à de vives souffrances. La légère Iris retire de la foule la déesse dévorée par la douleur, Vénus, dont le teint devient en peu d'instants noir et livide.